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Interviews

Antoine Barc

RDR Architectes SA, Lausanne

Pierre-Alain Dupraz

Architectes, Genève
Direction Générale du projet du groupement ODC

P-A.D : Après avoir travaillé très tôt dans quelques bureaux d’architecture, j’ai créé mon propre bureau il y a plus de 20 ans. Aujourd’hui nous sommes 25 personnes et nous avons des projets très intéressants sur Genève ainsi que quelques mandats en France. Mon architecture est basée sur l’intégration du projet dans le site, la compréhension du programme, ce qui implique beaucoup d’analyses, de recherches et de ressenti par rapport au contexte.

A.B : Je suis associé du bureau RDR Architectes depuis 2018. Nous sommes environ 70 personnes à Lausanne et avons un bureau partenaire à Buenos Aires. Aujourd’hui le bureau évolue et a changé de nom : Richter Dahl Rocha est devenu RDR Architectes. Nous sommes actifs sur des projets de toutes tailles et de tous types de programmes en Suisse romande, un peu en Suisse alémanique et en France. Avec notre bureau partenaire en Argentine, nous avons entre autres des collaborations actives sur des projets en Amérique du sud, quelques projets en France dans le domaine du patrimoine et avons réalisé des projets à Haïti et en Zambie. Au niveau architectural, nous défendons des projets qui s’inscrivent dans une forme de durabilité, de pérennité, sans céder aux pressions médiatiques ou de mode.

Qu’est-ce qui caractérise, pour vous, ce projet de l’Orée ?

A.B : Il y a beaucoup de choses qui caractérisent l’Orée : travailler en binôme avec un confrère, et de manière plus large, nos confrères-concurrents qui deviennent des partenaires. Nous partageons régulièrement et ouvertement nos projets et nos préoccupations et tout le monde joue le jeu ; c’est extraordinaire ! Pour moi, c’est un apprentissage au niveau architectural, organisationnel, mais aussi humain.

P-A. D : Habituellement lors de concours, c’est le projet qui remporte la mise. Pour l’Orée cela est complètement différent puisque nous avons été choisis sur la base de nos compétences. Le projet n’existait pas encore, si ce n’est le plan de quartier. Mis à part le côté humain, il est intéressant de voir l’interprétation de chacun sur cette même base.

Le projet de l’Orée est singulier à plusieurs titres, quels sont pour vous les défis les plus importants ?

A.B : Les défis d’ordre organisationnel sont évidents et nous passons plus de temps que d’habitude à gérer des sujets administratifs. D’autre part, beaucoup de villes se sont construites par étapes, sur un parcellaire de petite taille et sur une durée extrêmement longue. Ici, plusieurs bureaux d’architectes projettent en même temps environ 600 logements sur un quartier planifié par un urbaniste. Cela induit des complexités organisationnelles mais c’est aussi une des clés de l’intérêt du quartier et de sa réussite à terme.

P-A. D : Un autre défi est d’ordre financier. Une construction en un bloc avec le même architecte, la même entreprise, présente des coûts de construction moindres. Nous devons donc tout mettre en œuvre pour être budgétairement compétitifs, malgré la complexité de l’organisation.

Quels sont les axes forts de votre proposition ?

A.B : Nous sommes attachés à la notion de la qualité de vie et de la relation entre le plein et le vide. Les paysagistes ont aussi développé un travail très intéressant sur le jardin entre les îlots. L’enjeu est de respecter une consigne de diversité volumétrique, de diversité d’approche, tout en maintenant une unité à l’aide d’un travail fin sur la matière, sur la teinte, sur quelques alignements entre nos bâtiments qui vont redonner du sens.

«Notre approche est d’accepter que l’Orée va vivre en tant que quartier et non pas en tant que succession de bâtiments qui doivent être fortement reconnus les uns par rapport aux autres. Nous faisons tout notre possible pour que les gens puissent se sentir bien dans les logements que nous leur projetons. »

P-A. D : Je travaille beaucoup sur la relation entre l’intérieur et l’extérieur. La qualité du logement et des espaces à vivre est pour moi primordiale par rapport à la façade ou le geste fort architectural.

«J’aimerais qu’un jour on passe dans ce quartier et qu’on ne voie pas du premier coup d’œil les bâtiments que j’ai réalisés. Le résultat doit coïncider avec le bâtiment d’à côté.»

 La proportion des vitrages, la gestion de l’intimité : tout se joue sur des détails qui feront la différence.